Missions

« Un écomusée, ce n’est pas un musée comme les autres.

Un écomusée, c’est une chose qu’un pouvoir et une population conçoivent, fabriquent et exploitent ensemble. Ce pouvoir, avec les experts, les facilités, les ressources qu’il fournit. Cette population, avec la participation de ses forces vives de toutes générations, selon ses aspirations, ses savoirs, ses facultés d’approche.

C’est un miroir où cette population se regarde, pour s’y reconnaître, où elle cherche l’explication du territoire auquel elle est attachée, jointe à celle des populations qui l’y ont précédée, dans la discontinuité ou la continuité des générations. Un miroir que cette population tend à ses hôtes, pour s’en faire mieux comprendre, dans le respect de son travail, de ses comportements, de son intimité.

C’est un musée de l’homme et de la nature. L’homme y est interprété dans son milieu naturel. La nature l’est dans sa sauvagerie, mais telle aussi que la société traditionnelle et la société industrielle l’ont adaptée à leur usage.

C’est un musée du temps, quand l’explication remonte en deçà du temps où l’homme est apparu, s’étage à travers les temps préhistoriques et historiques qu’il a vécus, débouche sur le temps qu’il vit. Avec une ouverture sur les temps de demain, sans que, pour autant, l’écomusée se pose en décideur, mais en l’occurrence, joue un rôle d’information et d’analyse critique.

Un musée de l’espace. D’espaces ponctuels, où s’arrêter. D’espaces linéaires, où cheminer. Un conservatoire, dans la mesure où il aide à préserver et mettre en valeur le patrimoine de culture et de nature de la population concernée.

Un laboratoire, dans la mesure où il est matière à études théoriques et pratiques, autour de cette population et de son milieu.

Une école, dans la mesure où il aide à la formation des spécialistes intéressés à cette population et à son milieu, où il incite cette population à mieux appréhender les problèmes de son propre avenir.

Ce conservatoire, ce laboratoire, cette école s’inspirent de principes communs : la culture dont ils réclament est à entendre à son sens le plus large, et ils s’attachent à en faire reconnaître la dignité et l’expression artistique, de quelque couche de la population qu’en émanent les manifestations. Ils ne s’enferment pas en eux-mêmes, ils reçoivent et donnent.

Certes, tout n’est pas rose, dans cette croissance de l’écomusée. Il y a, de la part des responsables, le risque de mettre une population en cage à la façon d’un animal dans un zoo, et le risque de manipuler cette population. Il y a les équivoques d’un statut flottant entre autogestion et tutelle. Il y a récupérations abusives d’une image de marque en faveur montante.
Ce sont là péripéties, obstacles que la patience et l’impatience aident à surmonter.
Vers le plein épanouissement d’une institution polyphonique, carrefour de l’espace et du temps. »

Georges-Henri RIVIÈRE
Le 13 janvier 1976

Les « musées de France » ont quatre grandes missions permanentes :

  • conserver, restaurer, étudier et enrichir leurs collections ;
  • les rendre accessibles au public le plus large ;
  • concevoir et mettre en œuvre des actions d’éducation et de diffusion visant à assurer l’égal accès de tous à la culture ;
  • contribuer au progrès de la connaissance et de la recherche.

Pour être agréé, un musée doit répondre à quatre critères :

  • être dirigé par un personnel scientifique issu de la filière culturelle territoriale ou nationale (conservateur ou attaché de conservation) ;
  • disposer en propre ou en réseau avec d’autres musées, d’un service éducatif ;
  • tenir à jour un inventaire de ses collections ;
  • rédiger un projet scientifique et culturel (PSC) qui fixe ses grandes orientations.
  • obligatoire dans un certain nombre de cas réglementairement encadrés, notamment un projet de musée (construction ou rénovation), où l’accès aux subventionnements de l’État pour le chantier est conditionné par l’existence d’un PSC ;
  • très recommandé dans la plupart des situations : justification d’une acquisition ou d’une restauration, choix stratégiques de priorisation des actions, de présentation muséographique ou de programmation culturelle, maintien de la stabilité ou accroissement des effectifs affectés à l’établissement.

Le projet scientifique et culturel définit les grandes orientations et les stratégies du musée. Il analyse les interactions entre les collections, les publics, l’environnement et le bâtiment du musée. Il doit faire apparaître trois éléments :

  • un bilan de l’existant, le plus exhaustif possible ;
  • l’expression d’un concept, d’une identité du musée, qui rend un musée unique ;
  • la présentation d’un projet pour la période concernée (qui ne doit pas excéder cinq-six ans), en retenant quelques axes qui seront prioritaires.

Actuellement, le projet scientifique et culturel de l’Ecomusée Creusot Montceau est en cours d’élaboration. Plusieurs actions ont été menées, notamment la réalisation d’un trentaine d’entretiens avec des acteurs locaux et des professionnels du patrimoine, la réalisation d’un arbre à souhait participatif à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine 2020 et l’organisation d’un chantier des identités.

L’étape suivante du projet scientifique et culturel est de développer l’identité de l’Ecomusée. L’objectif est d’élaborer, pour les cinq à dix ans à venir, un projet partagé dans l’esprit du principe d’écomusée en faisant participer la population du territoire.